Produire des végétaux sans générer de déchets plastiques
En développant Vive le végétal, Jean-Yves Voisin, qui a vendu l'entreprise qu'il avait créée, La Graine Informatique, se lance dans une nouvelle aventure avec un objectif : activer un réseau d'horticulteurs intéressés pour produire des cultures zéro déchet à destination préférentiellement de la distribution non spécialisée.
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Produire de façon écoresponsable en surveillant les intrants des cultures, c'est bien. Réduire au strict minimum le recours aux engrais chimiques et aux produits phytosanitaires les plus dangereux est sans conteste un engagement indispensable pour l'avenir. Mais quid des déchets générés par l'environnement de la culture ? Que vont devenir les pots, les barquettes, les étiquettes, la PLV et l'ILV qui auront accompagné les plantes tout au long de la culture et surtout durant son processus de mise sur le marché ?
C'est sur cette problématique que s'est penché Jean-Yves Voisin, après avoir vendu La Graine Informatique, entreprise de gestion informatisée de l'entreprise horticole que l'on ne présente plus et qu'il avait fondé dans les années 1980. Avec une part de reniement de la part de quelqu'un qui, au-delà des ventes de logiciels, a largement développé les produits d'aide à la vente, étiquettes en tête ? Lui le voit plutôt comme une évolution logique de sa démarche en faveur de l'horticulture. Un métier qui ne peut que se développer « non pas en raison de ses fonctions décoratives, mais parce que le végétal est nécessaire à la planète, à notre cadre de vie et à notre santé. Mais cette mission écologique ne peut s'accomplir sans produire de façon écoresponsable. » Mine de rien, après les produits phytosanitaires ou les moteurs Diesel, la liste des produits jugés dangereux pour la planète et visés par les citoyens a désormais intégré les plastiques, il suffit d'en juger par les publications sur le « sixième continent » que représentent les déchets plastiques dans les océans, les micro-particules ingérées par la faune, etc.
Un processus optimisé
Sur la base de ce constat, le néo-horticulteur a mis sur pied une entreprise, Vive le végétal, destinée à produire, un peu, et commercialiser, beaucoup, il l'espère, un concept de végétaux ne générant pas de déchets plastique. À la base du concept, se trouve l'idée du tea bag, sachet de thé, soit une motte Jiffy permettant d'éviter le recours au godet ou autre pot. La culture a été optimisée de manière à également supprimer les autres sources de plastique entourant la plante et à proposer des plantes vendues quasiment en vrac. La palette Hortipal, développée il y a quelques années par Jean-Yves Voisin, en collaboration avec des partenaires tels que Hortitrace, spécialiste de la logistique, est également partie intégrante du montage technique global. Les plantes sont cultivées directement dans les mottes Jiffy sur Hortipal. L'objectif : pouvoir les sortir directement du processus de culture lorsqu'elles sont prêtes et les mettre en vente sans avoir à réassortir les plateaux, sous forme de kits formés à la demande des clients. Pour suivre les plantes, il faut un bon chef de culture, mais aussi un cariste capable de gérer de grandes quantités d'Hortipal ! C'est également lui qui pourra empiler les Hortipal selon le kit commandé par le client, kit qui prendra place directement dans le magasin en un clin d'oeil.
Une information minimale
Les plantes sont cultivées dans des mottes sans godet ni pot, sur des palettes qui certes contiennent du plastique, mais sont consignées et donc intégrées dans le process sur le long terme. Reste que l'idée est aussi de livrer ces plantes essentiellement dans des enseignes non spécialisées dans le végétal. L'information commerciale doit donc être intégrée aux kits de végétaux. Les panneaux prévus à cet effet sont conçus pour être réutilisables, et une information sur les végétaux proposés sur chaque étage d'Hortipal va être mise au point sur papier collant, donc biodégradable. L'information y sera minimale : l'essentiel sera disponible directement sur internet.
Ainsi sollicité, le client va donc s'acheter des mottes en vrac. « Au-delà de cet achat zéro déchet, le client pourra bénéficier d'une meilleure reprise grâce aux mottes de fibre de coco entourées de PLA, et le magasin pourra communiquer autour d'une démarche écoresponsable », poursuit Jean-Yves Voisin. En outre, le système de palettes Hortipal facilite l'arrosage des plantes en magasin, il suffit d'apporter de l'eau directement sur chaque plateau. La conservation des plantes, toujours délicate dans des magasins qui ne sont pas forcément équipés de serres ou autres surfaces adaptées à la conservation des végétaux, n'en est que meilleure. Les kits proposés à la vente comportent deux à quatre étages d'Hortipal.
Développer un réseau sur toute la France
Le concept, mis sur pied au cours du dernier hiver, a été commercialisé dès ce printemps grâce à 5 000 m2 de serres louées à Angers. Mais rapidement, Jean-Yves Voisin espère voir les ventes grimper et l'entreprise confrontée à une double problématique : assurer sur les quantités et jouer à fond la carte de la culture de proximité. L'idée est donc de développer un réseau de producteurs désirant s'y intégrer.
Le process de culture, travaillé avec Astredhor, simplifie les tâches au maximum : repiquage des jeunes plants directement sur la palette, cultures au sol avec un système d'irrigation étudié (l'Hortipal est équipée d'un vidage de fond, un simple petit tube de plastique évidé sur une partie de sa circonférence permettant de créer un système de subirrigation performant), rotations des cultures rapides, etc. Il permet selon son initiateur d'avoir une productivité élevée avec des outils de production peu sophistiqués, ce qui devrait faciliter la mise sur pied d'un réseau complet de producteurs.
Au printemps dernier, l'entreprise a vendu avec succès des bisannuelles, des aromatiques et des vivaces, ainsi que des fraisiers et des tomates. L'objectif est de diversifier cette gamme en définissant avec les enseignes des kits optimisés permettant à la fois de bien maîtriser les cultures et d'avoir des rotations de vente rapide. Selon son concepteur, le produit proposé plaît aux gestionnaires de points de vente, en particulier ceux qui sont peu équipés et/ou qui ne sont pas dotés de tablards. C'est le côté pratique qui fait mouche : je réceptionne un kit de deux à quatre étages des plantes, j'enlève le film de protection et je mets en place les plantes : « Grâce à cela, des points de vente qui ne vendaient plus de végétal s'y sont remis », précise fièrement Jean-Yves Voisin. Plutôt une bonne nouvelle pour la filière !
Pascal Fayolle
La conceptionL'idée de Jean-Yves Voisin, qui a imaginé le concept de Vive le végétal, est de bannir les déchets des cultures pot : bien sûr, mais aussi étiquettes et ILV. PHOTO : FAYOLLE.
La praticitéLe magasin reçoit avec le concept Vive le végétal des étages de plantes sur palette Hortipal consignée qu'il suffit de placer et de défilmer pour obtenir un présentoir prêt à vendre. PHOTO : VIVE LE VÉGÉTAL
La gammeL'entreprise présente déjà une expérience concluante sur une gamme large. Les annuelles, et ici bisannuelles, se sont très bien comportées. PHOTO :VIVE LE VEGETAL
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